Haut potentiel et décrochage scolaire, une fatalité ?

Les enfants à haut potentiel (HP) sont décrits en grande difficulté scolaire et affective. Du moins, c’est l’opinion que l’on peut se faire en lisant l’actualité et en écoutant certains praticiens de terrain (psychologues, … ).

Est-ce vraiment le cas ? Est-ce une fatalité que d’être mal dans sa peau et en échec à l’école si on est intelligent ? Voyons ensemble quelques pistes…

Mon article s’inspire de celui écrit par les chercheurs en psychologie Nicolas Gauvrit et Franck Ramus (lien vers l’article). Les HP sont un sujet assez large et je ne compte pas tout aborder dans cet article. Ici, je vais analyser l’idée selon laquelle les HP sont en difficulté scolaire. Mon approche sera de voir comment les HP sont diagnostiqués et voir si ces conditions permettent de tirer une conclusion pour l’ensemble des HP.

Diagnostiquer les enfants à haut potentiel

Quels sont les enfants qui vont passer un test de QI ? Ce sont les enfants qui consultent un psychologue (généralement pas directement pour ce test). Ce sont les seuls enfants qui passeront un test de QI, la plupart n’en feront jamais (moi par exemple ! …heureusement me direz-vous 😉 ). Certains de ces enfants obtiendront un score supérieur à 130 et seront alors considérés comme surdoués.

Pourquoi ces enfants consultent un psychologue ? Certains le font pour des troubles psychologiques, d’autres parce qu’une difficulté le justifie. Très peu arrivent chez un psychologue pour simplement évaluer leur QI s’il n’y a pas une difficulté à résoudre. C’est bien normal, je ne vais pas chez mon médecin par simple plaisir de faire une visite. J’y vais lorsque j’en ai besoin (vous pas?…). Il en va de même ici, pour la grande majorité des cas, les enfants à haut potentiel sont diagnostiqués suite à une difficulté justifiant leur visite. Il est donc logique de conclure que la plupart des diagnostiqués HP ont une difficulté. Mais il ne faut pas élargir la conclusion et dire qu’il s’agit de tous les HP. En effet, certains ne passeront jamais de test de QI et ne seront jamais diagnostiqués. C’est ce qu’on appelle un biais d’échantillonnage.

Haut potentiel toujours décrochage scolaire ?

Afin de vérifier l’idée selon laquelle les HP sont souvent/toujours en difficulté scolaire, il faut voir si la proportion d’enfants en difficultés scolaires chez les HP est différente de chez les autres. Pour regarder cela, il faut prendre le QI de nombreux élèves (pas uniquement ceux qui vont chez un psychologue) et les mettre en lien avec leurs difficultés scolaires. Comme on ne peut pas mesurer toutes les difficultés scolaire, il faut choisir une valeur qui les représente. Je pense que tout le monde sera d’accord pour prendre les points obtenu à l’école comme un indicateur assez fiable des difficultés scolaires des élèves ? N’ayez pas peur du graphique, je suis là ! …oui, je vous sens trembler encore plus…

Une belle image qui ne veut pas s'afficher...
Les 16000 petits points représentent chacun un élève. Au plus l’élève est haut, au plus il a eu de bonnes notes (résultat  au brevet des collèges en France). Et au plus il est à droite, au plus il a un QI élevé. Données : Panel 2007 de la DEPP , Ministère de l’Éducation, ADISP-CMH. Source : mémoire de master 1 de Thelma Panaiotis, ENS Cachan, 2016, avec Hugo Peyre.

 

Que peut-on en dire ?

Ce graphique montre que de manière générale, avoir de bonnes notes va de pair avec un QI plus élevé. Autrement dit, plus les points sont haut sur le graphique, plus il y a de probabilité qu’ils soient aussi vers la droite du graphique. En regardant la situation des élèves à haut potentiel (QI > 130), il n’y a qu’un élève qui a obtenu une note sous les 10/20. Donc les HP ne rencontrent pas plus souvent des difficultés scolaires que les autres et s’en sortent même mieux que les autres.

Il est regrettable que ce ne soit pas le message majoritairement relayé, que ce soit aux informations ou par certains praticiens de terrain. Les premiers préférant les informations chocs et tranchées que propose rarement la science. Les seconds par leur terrain, en oubliant que leur patients ne représentent pas un échantillonnage représentatif de l’ensemble des élèves (quelque soit le nombre de patients).

Enfin, je ne nie pas que certains HP puissent éprouver des difficultés scolaire. Mais il faut être conscient que ce n’est pas l’ensemble des HP ni même la majorité. En fait, les HP ayant des problèmes scolaires sont plus rares que chez les autres élèves. Heureusement, il est possible d’être intelligent et de réussir à l’école !

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